- HRP:
Pardon pour le pavé, je me suis laissée emportée, ca fait trop longtemps que je n'ai pas écrit avec Kas', ca me manquait xD
Bref, j'espère que ca vous plaira! Dites moi si un truc cloche surtout

« Par la Dame, Kass’, tu vas les rendre dingues. »
« Mmh ? Quoi ? »Distrait, Kastiel détache ses yeux noisette de ses notes pour les poser sur le visage couvert de taches de rousseur d’une femme à l’épaisse chevelure brune coiffée négligemment – mais toujours avec une classe surprenante - qu’il connait bien. Sa collègue et amie Sybile Fil’Verleen, appuyée contre le cadre de la porte de sa salle de classe, bras croisé, le nargue avec un sourire mi-amusé, mi-découragée.
Kastiel lance un rapide regard autour de lui, perplexe, mais connaissant trop bien ce regard pour ignorer ce qu’il signifie.
« Qu’est-ce que j’ai fait encore ? »Sybile lève les yeux au ciel et le pointe d’un doigt accusateur.
« Tu t’es vu au moins ? »
Le professeur d’Histoire du Dessin baisse les yeux pour regarder l’état de sa chemise normalement bleu clair, mais désormais tirant sur le gris sombre puisqu’entièrement trempée. Il réalise alors que l’étrange sensation de chatouillement dans son cou n’est pas un produit de son esprit, mais bien des gouttes d’eau s’écoulant de ses cheveux mouillés. Il n’y portait plus attention, absorbé qu’il était dans ses notes pour le cours suivant. Il faut dire que l’une des principales qualités de Kastiel Acciari est définitivement de se laisser facilement distraire.
« Ho, ca ? Ce n’est rien. Il faisait une chaleur étouffante dans la classe, du coup, je leur ai fait une démonstration interactive de l’attaque des pirates Alines sur Port Impérial qui fut contrée par les Sentinelles en l’an 24. Tu sais, cette fameuse histoire qui… »« Oui oui, je sais tout ça, ce n’est pas ça le problème. »
Encore plus perplexe, Kastiel fronce les sourcils.
« Quoi alors ? Ne me dis pas que l’administration s’en fait encore avec ça ? Ok, j’étais allé trop loin avec l’histoire des flammes dans la cour intérieure, mais un peu d’eau ne fait de mal à personne et… » « Non, imbécile ! Tes étudiantes ! »
« Quoi mes étudiantes ? »Il ne comprend définitivement pas ou veut en venir sa collègue. Il lui a pourtant semblé que tous ses étudiants étaient particulièrement contents après le cours de l’avant-midi. Ce dernier étant un cours de troisième année de deuxième cycle, tous ses étudiants connaissaient bien ses méthodes d’enseignement et ne s’en étonnaient plus depuis longtemps. Alors où est le problème avec eux et son cours ?
« Tu as beau être une personne que j’admire pour son intelligence et ses recherches, bon sang que tu peux être stupide parfois. C’est ce que tu as l’air, le problème, Kass’ ! »
Kastiel baisse de nouveau les yeux vers ses vêtements. Il n’est pas du genre à s’inquiéter de son apparence ou d’en être honteux, mais l’insistance de Sybile le fait rougir. Mal à l’aise, il lance :
« Ok, j’ai l’air stupide, c’est vrai. Trempé à son bureau n’est pas exactement l’image professionnelle par excellence, mais… »« Naaaan. Je doute que le professionnalisme soit ce qui faire glousser en rougissant les gamines qui passent depuis vingt minutes devant la porte de ton bureau. »
« Elles… gloussent ? »Convaincu que les jeunes femmes rient de lui, il arc un sourcil et étire le cou pour tenter d’apercevoir les étudiantes qui passent justement derrière Sybile. Cette dernière, définitivement désespérée de lui, ferme la porte derrière elle et vient s’assoir sur le coin de son bureau.
« Non, sérieusement, depuis le temps, tu n’as toujours pas réalisé l’effet que tu leur fais ? C’est vrai qu’entre les croutons qui enseignent les théories sur les Spires et les collets montés de la théorie appliquée, tu n’as pas beaucoup de compétition, mais n’empêche, Kas’, tu dois au moins connaitre ta réputation ? »
Kas’ tire une grimace. Ho pour ça, oui, il a déjà entendu plusieurs conversations à son sujet, reçut quelques mots d’amour anonymes de la part d’étudiantes ou encore s’est fait dire par un collègue que certaines de ses élèves le trouvaient plutôt agréable à regarder, mais… ça doit bien arriver à tout le monde, non ? De toute façon, cette attention n’est pas désirée et il ne s'en préoccupe pas, ne le remarquant même jamais. On l’a déjà traité d’aveugle et, pour citer « qu’on pourrait l’écrire sur le front de la fille qu’il ne verrait rien ».
« Et il faut croire que l’image du professeur sexy et décoiffé avec une chemise trempée et moulante suffit à embraser son esprit. »
Aïe. On peut toujours compter sur Sybile pour ne pas passer par quatre chemins ni ne prendre aucun gant blanc. Devenant rouge pivoine, Kastiel se met à rire, partagé entre l’amusement et la gêne.
« Par Merwyn… »Il se lève et effectue un mouvement de bras, entrant dans les Spires pour active son Don, puis se mit à rapidement extraire l’eau de ses vêtements et de ses cheveux. Une petite bulle d’eau se forma très vite dans les airs, en suspend devant lui puis, une fois suffisamment sec, Kastiel la dirigea vers un grand vase ou le reste de l’eau qu’il avait utilisée pour la démonstration pendant son cours reposait déjà.
« Mieux ? »« Tu as une allure terrible, mais oui, c’est mieux maintenant. Quoi que puisqu’on en parler… Ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée que d’utiliser tes pouvoirs de séduction consciemment, pour une fois, non ? Plutôt que de faire des victimes dans ton énervante innocence, tu pourrais en tirer quelque chose. Ne serait-ce que pour... enfin, tu dois bien devoir coucher avec quelqu'un de temps à autre... »
« Avec une de mes étudiantes ? Bon sang, Syb’, pour qui tu me prends ? Déjà, c’est complètement non professionnel, ensuite, je ne suis même pas certain que ce soit légal, et puis je suis trop vieux pour elles, ok, pas tant que ça, mais quand même, et puis… »« Pas avec une étudiante, tête de Gommeur ! J’ai l’esprit tordu, mais pas à ce point, voyons. Non, je veux dire sortir avec une femme, de ton âge. Ou… enfin, tu vois ce que je veux dire. Je ne t’ai jamais vu ou entendu parler d’un rendez-vous galant. »
L’expression de Kastiel se fige. Il se détourne de son amie et son expression disparait à sa vue alors que ses cheveux sombres lui tombent dans le visage comme il se penche sur son bureau pour rassembler ses effets personnels. Sa voix est douce, mais détachée lorsqu’il lui répond simplement :
« Je sais que tu souhaites m’aider, Syb, mais je n’ai pas besoin de ce genre de relation dans ma vie, je te rassure. »« C’est de la crotte de Siffleur, ça. Je sais que c’est difficile, après Ana, mais… »
Le regard que lance Kastiel à Sybile lorsqu’elle prononce le nom de sa défunte épouse arrête la jeune femme dans son élan. Pas froid, agressif ou menaçant, loin de là. Kastiel Acciari n’est pas ce genre d’homme. Plutôt… douloureux. Lui-même glacé sur place. Elle se mord la lèvre, consciente d’être allée trop loin, puis tente de revenir un peu en arrière.
« Ok, je comprends. Mais tu es certain que tu n’as personne en vue? Je sais que tu es très proche de Dame Nil’Lysah, mais comme celle-ci est mariée et que tu n’es pas ce genre de personne, je n’ai aucune suspicion à son sujet. Mais sa jeune sœur, Ilenia ? Vous vous entendez bien non ? »
« Ilenia est une amie, c’est tout. Je ne crois pas qu’une Nil’Lysah ne se marierait jamais avec un non-noble, de toute façon, avec leur responsabilité pour leur nom et leur famille… »« Si seulement tu acceptais cette foutue particule que les dirigeants de l’Académie veulent te coller depuis des années aussi, tu me faciliterais la tâche! M’enfin… il y a bien cette jeune femme, avec qui tu corresponds souvent aussi, non ? Énéole ? Elle n’est plus ton étudiante depuis au moins un an, ça compte… »
Kastiel, exaspéré, ouvre la bouche pour répliquer, mais se fige soudant, se souvenant alors d’un détail important. Il jette un rapide coup d’œil au sablier qui compte les heures de cours sur le coin du bureau et laisse échapper un petit juron coloré avant de s’empresser de tout ranger ses effets personnels pêlemêle dans son sac.
« Quoi, j’ai dit quelque chose qui fallait pas, encore? »
« Non, je viens de réaliser que je suis en retard pour un diner avec une amie, je suis désolé, je vais devoir y aller. »« Une amie? »
Sybile à sauter en bas du bureau, excitée, et se met entre lui et la porte pour lui barrer le chemin, un sourcil arqué en signe de curiosité. Elle ne le laissera pas passer avant d’avoir l’identité de la demoiselle. Kastiel sent déjà venir la suite et préfèrerait l’éviter, car même s’il adore Sybile, il ne sait plus comment la convaincre qu’il est heureux en éternel célibataire. Enfin… ce n’est pas tout à fait vrai. Il n’est pas « heureux » d’être célibataire, mais la simple idée de remplacer Ana lui est inconcevable. Néanmoins, s’il ne souhaite pas être encore plus en retard qu’il ne l’est déjà, il devra bien lui donner ce qu’elle veut.
« Énéole, justement. Tu peux me laisser passer maintenant ? »Kastiel sourit, amusé malgré lui par l’expression de profonde joie conspiratrice sur le visage de son amie. Celle-ci s’écarte un peu à regret en précisant :
« Seulement si tu promets de TOUT me raconter plus tard ! »
Kas lui répond avec un rire plus amusé que convaincu et lance derrière lui, avant de franchir la porte :
« Pia, tu viens ? » La chuchoteuse qui somnole depuis la fin de son cours dans un tiroir du bureau laissé entreouvert dresse la tête en entendant son nom. Elle saute sur le bureau puis disparait d’un seul coup, se dématérialisant grâce au dessin et au pas sur le côté propre à son espèce sur l’épaule de Kastiel. Ce dernier salut Sybile qui le regarde ensuite s’éloigner à la course dans le corridor baigné de soleil, un dangereux sourire pendu aux lèvres.
Kastiel est presque arrivé dans la cour extérieur où doit déjà l’attendre Énéole depuis plusieurs minutes lorsqu’il réalise qu’il a oublié d’apporter quelque chose à manger. Plutôt que de tourner à droite vers la cour intérieure, il bifurque à gauche pour prendre la sortie principale ouest de l’Académie. Il se retrouve rapidement dans une rue bondée de passants, gens de la haute société d’Al-Jeit, d’étudiants de l’académie et de marchands ambulants profitant de la belle journée d’été et de la foule pour vendre leurs produits frais. Kas’ s’arrête devant le premier marchand, qui vend une impressionnante variété de fruits pour un si petit stand. Hésitant sur le choix à faire, il baisse les yeux vers la petite boule de poil grise juchée sur son épaule et demande :
« Qu’est-ce qu’on devrait prendre, ma belle ? »Pia ne se fait pas prier. Elle frémit déjà des moustaches, les yeux rivés sur le gros panier de framboises rouges gorgées d’eau et de soleil. Ses favorites. Elle en sautille presque de joie et d’envie. Kas’ sourit
« Tu as raison, c'est le meilleur choix. »Il demande au marchand de lui vendre le panier en entier. Si Énéole aime autant les framboises que Pia, il pourra peut-être se faire pardonner son retard en la gavant de fruits rouges.
Son nouveau panier à la main, il reprend le chemin de la cour intérieure. Celle-ci aussi grouille d’étudiants, mais il repère rapidement le coin d’ombre un peu isolé près de la fontaine ou se trouve, toujours aussi digne et élégante, sa jeune amie.
« Je suis sincèrement désolé pour mon retard, j’avais un cours à préparer, et puis il y a eu un problème impliquant de l’eau et… enfin, tu sais comment je suis, pardonne-moi. D’ailleurs j’espère que tu aimes les framboises, je crois que j’ai vu trop grand pour mon estomac et celui de Pia. »Il lui offre un sourire contrit, cachant mal sa joie de la revoir. Lui et Énéole ne se voient pas souvent, bien qu’ils vivent dans la même ville, de par leur vie plus qu’occupée, mais restent en contact régulier par correspondance ou chuchoteurs. Son amitié lui est chère et il est toujours heureux de la voir.
Pia pousse les petits cris aigus qu’elle émet généralement lorsque quelque chose l’intrigue ou attire son attention puis avant que Kastiel n’ait pu baisser les yeux vers elle, il sent son poids disparaitre de sur son épaule. Il voit alors sa petite compagne réapparaitre sur les genoux de la jeune fille blonde assise aux côtés d’Énéole, faisant sursauter l’oiseau qui s’y trouve déjà. Curieuse et amicale, Pia tend le nez vers l’oiseau. Kastiel reconnait aussitôt la jeune fille en question.
« C’est un plaisir de vous croiser ici, mademoiselle Dil’Silkea. J’ignorais que vous vous connaissiez, toutes les deux ? »La jeune fille blonde est l’une de ses étudiantes de premier cycle. Solitaire, silencieuse et très réservée, voire littéralement gênée, elle a rapidement attiré son attention en classe. Kastiel a toujours eu cet instinct pour repérer les marginaux, les laissés pour compte et autres personnes du genre. Il met un point d’honneur à supporter les étudiants issus de milieux plus défavorisés, à faire briller le plein potentiel des plus réservés et des moins confiants en eux même… Au fil des ans, il en a même acquis une réputation particulière à l’Académie. Un autre des détails sur sa personne qui lui vaut le dégout des plus collet monté de la haute société d’Al-Jeit et de l’Académie, d’ailleurs.
Pour Seïleen, plus précisément, il tente toujours de comprendre si sa solitude et sa réserve sont de simples traits de caractère, et qu’elle est donc heureuse ainsi, ou s’ils découlent d’un malaise plus profond. Honnêtement, il penche plutôt vers la deuxième option. Il craint un peu que cela nuise à la jeune femme qui a un don et des capacités remarquables et souhaiterait pouvoir l’aider, à condition qu’elle lui accorde cette permission, bien entendu.
« Nous ne serons pas trois de quatre - non, pardon, de cinq - pour manger ces framboises, vous m'en voyez particulièrement reconnaissant pour votre aide ! »Kastiel s’approche de l’arbre, glisse un instant ses doigts sur le tronc avec un sourire mystérieux et fasciné, puis s’assoit négligemment à même le sol au pied de ce dernier. Plusieurs étudiants dans la cour lui lancent des regards soit surpris – ne devrait-il pas se comporter comme les nobles et s’assoir dignement ? – soit donnant malheureusement raison aux observations de Sybile plus tôt. Mais encore une fois, Kastiel n’en remarque aucun, toute son attention dirigée vers Énéole et Seïleen. Adossé à l’arbre, il pousse un soupir d’aise et lance à l’intention de son amie :
« Je t’ai déjà dit à quel point j’aime la subtilité de tes Dessins, Énéole ? »